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Réflexion sur la nomination de Berrechid

Réflexion sur la nomination de Berrechid

Réflexion sur la nomination de Berrechid.
 Berrechid News/ Jillali Tahir
La nomination de la ville de Berrechid eut lieu à la suite d’une  guerre de succession opposant deux concurrents qui convoitaient le pouvoir tribal à Ouled Hriz : Mohamed Ben Abdeslam Berrechid et son beau-frère  Hadj Mohamed Ould Hadj Hammou. Cette dualité,  qui  avait scindé la société locale en deux camps adverses, est encore perçue, de nos jours,  à travers le comportement des élus modernes, montés au pouvoir d’une manière brusque et inattendue, sans la moindre préparation préalable à la gestion de la chose publique. Ni Mr Kadiri, ni Mr Tarbouz, ni Mr Ben Chaib ou Mr Kamili ne rêvait devenir présidents  avant le temps d’être appelés, par la force invisible,  à siéger au fauteuil de la magistrature. En leur présence, le tissu social à Berrechid se retrouve partagé, périodiquement,  entre deux grands courants politiques, qui cèdent la place  alternativement les uns aux autres : P.N.D/ U.S.F.P ; U.S.F.P/ P.I ; P.I/ P.A.M. Le fait politique est avant tout un fait social,  et, déjà  l’on voit se dessiner dans le futur de Berrechid le profil d’un duel qui opposerait prochainement le P.A.M et le P.I des frères Kadiri. Cette dernière formation commence par investir  sur les erreurs du clientélisme commises par le P.A.M, au niveau d’un fragment  contestataire de la société civile et du syndicat U.M.T, qui se croient  sanctionnés à tort par le dit parti  au pouvoir.  
 L’ensemble des présidents communaux ont quelques grains hérités de la famille Berrechid qui germent dans les veines, à l’exception de Mr Tarbouz qui était   allaité sèchement  par le sein gauche d’un parti orphelinat. Comme par le passé, tous ces prétendants font recours à la puissance de l’argent et  à la force invisible, pour s’imposer en  maitres absolus. 
Faisant référence au philosophe Thomas Hobbes, personne chétive, né prématurément,   et à  qui on doit le développement de la théorie du pouvoir absolu, la psychologie politique déduit  que les êtres vivants, dont la naissance se produit avant terme, acquièrent un caractère de peureux, et ressentent leur vie durant le besoin de compter sur un père tyran, capable de les protéger contre leurs frères, les loups. L’homme est un loup pour l’homme, dit Hobbes.
Justement, l’homme qui agit n’est pas une pierre qui tombe,  précisément parce que l’homme agit, c’est-à-dire a une volonté, un but, un mobile, dit Max Weber. Or, une ville est un amas de pierres, dépourvue d’action, quoiqu’elle  possède  un cœur battant,  c’est-à-dire un centre commercial,  et respirent par des poumons  qui sont ses  espaces verts. Certaines villes  sont nées au bord de la mer comme Casablanca ; d’autres ont vu le jour au voisinage d’une source d’eau comme Settat ; mais Berrechid est sortie du silence monotone de la plaine d’Ouled Hriz, sur les ruines d’une kasbah qui n’avait pas moins d’un siècle de vie. Tel  un bébé éprouvette, elle avait longtemps du mal à s’alimenter et à se réchauffer avant de pouvoir se tenir debout. Née en 1908, sous la forme d’un village caserne, rassemblant des soldats et des mercantis de tous bords,  ce qu’on appelle Berrechid  n’avait pas plus de 718   habitants en 1926, dont 98  musulmans seulement. Dix ans plus tard, c’est-à-dire en 1936, le nombre des musulmans  a été doublé et atteignit 1497 habitants. Nos parents sont nés à l’époque à la campagne d’Ouled Hriz, non à la ville de Berrechid; ils sont des H’rizis, et c’est nous les Berrechidiens. Auparavant, il y’avait une génération de pionniers  européens et  juifs natifs de Berrechid. La parenthèse du colonialisme dans notre cahier d’histoire  et une déchirure et une identité meurtrière (A.Maalouf) dans leurs cœurs ! 
En principe, quand on nomme une ville, on ne le fait jamais sans arrière-pensée ou sans calcul.   Au vrai, Berrechid est le nom familial de la seigneurie locale, qui avait, le long XXIème siècle, exercé un pouvoir absolu sur la tribu Ouled Hriz.  Après la mort du sultan Moulay Hassan, le puissant caïd, Abdeslam Berrechid, succomba à la bataille de Bouhmara, et  eut la  tête  coupée et portée accrochée sur la baguette d’un fusil par la tribu Tsoul. Aussitôt, son adjoint, Hadj Hammou Ben Ahmed Ben Djilali, mit fin au système caidal héréditaire de la famille  Berrechid, en usurpant à son profit le commandement d’Ouled Hriz, pour une courte durée seulement,  interrompue par sa mort soudaine. C’est en ce moment, que s’ouvre la guerre   de l’héritage entre son fils Hadj Mohamed Ould Hadj Hammou et Mohamed Ben Abdeslam Berrechid, le fils du caïd décapité par les Tsoul. 
Après avoir balayé le régime tribal, par la force des baïonnettes,  le général d’Amade,  fécondateur de la ville nouveau-né, crut bon lui donner le nom de  Berrechid,  rien que pour flatter la vanité du caïd  Mohamed Abdeslam Berrechid, qui vint l’aider à capturer  le francophobe, Hadj Mohamed Ould Hadj Hammou. 
Tout avait commencé lorsque ce caïd égorgea un taureau pour pacifier avec le général d’Amade. Ce geste lui  causa certainement  quelques soucis de s’incliner la tête pour saluer le tricolore, alors qu’auparavant, c’était devant ses ancêtres que tous les Ouled Hriz s’accroupissaient en signe de soumission. Il n’en demeure qu’il prit habitude  de  rouler sur un cabriolet tiré par un pur-sang arabe, au moment où la foule le contemplait avec peur et respect sans oser l’approcher des très prés. C’était une masse sans parole,  muselée comme une bête de cirque, dressée pour ne faire mouvement que sur l’ordre de son dompteur. Ca fait frémir, c’est le métier du caïd qui veut ça ! 
Rendons à César ce qui est à César !  La chaouia de l’époque était troublée par sa division en deux camps qui se livrait la guerre fratricide : le camp de sultan My Abdelaziz et celui de son demi-frère My Abdelhafid.  Aux yeux de la France, il ne pouvait avoir de sultan  légitime au Maroc que celui qui avait apposé sa signature sur l’acte d’Algesiras de 1906, en l’occurrence   My Abdelaziz.  Irrité, My Hafid prêcha la guerre sainte contre la France, et réussit à s’aligner la moitié du pays. 
Chassé et pourchassé, par Ould Hadj Hamou,  le caïd Berrechid joua la carte de la France et  l’attachement au sultan Moulay Abdelaziz. Il avait pour cela un sérieux motif : son rival lui a pris sa fortune, sa famille et lui fait subir les pires outrages. Il se voit atteint, et se croit être blessé à vie, s’il se laisse neutraliser d’une manière définitive, et accepte d’abandonner son héritage caidal.  Quand l’occasion se présenta devant lui, Il a jugé venir le moment convenable pour régler les comptes et donner libre à sa vengeance, si bien qu’il se hâta de faire ce que le général attendait de lui.
Rendons à Dieu ce qui est à Dieu ! La Chaouia était le théâtre des  intrigues de la puissance allemande qui faisait rage. Les allemands armaient les Ouled Hriz avec des fusils importés en contrebande, et les poussaient au combat contre les troupes françaises.  « Pas un soldat français ne devait sortir vivant de la Chaouia »,  prêcha la presse allemande. Hadj Mohamed Ould Hadj Hammou s’était enrichi par le négoce avec les allemands qui étaient ses protecteur, et, l’Allemagne voyait dans ses protégés moins des commis que des agents politiques. 
Le  père Hadj Hammou,  à qui ce rebelle  voulait  succéder à la tête du commandement,  est  l’un des plus puissants instruments de l’impopularité de la régence du grand vizir Ba H’mad par sa scandaleuse fortune. Rien que pour se voir attribuer le commandement d’Ouled Hriz et  Casablanca, il livra  80.000 pesetas  à Omar Tazi, l’homme du moment à la cour du sultan.
Pas question de nationalisme ou de patriotisme dans cette salade tribale. Il n’existait pas d’Etat nation ou de patrie, au sens propre du terme, avant la naissance de Berrechid, mais un sultan et des tribus mobiles. Même le mot  liberté avait un autre sens,  que celui d’aujourd’hui, a su bien développer  l’historien Abdellah Laroui.  
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Photo : Jillali Tahir et Otmani Said, Otmani Nour Edine du clan des Berrechid.

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